26 novembre 2014

Ton magazine de jeu de rôle est là !

Je t'entretenais hier de deux revues sur les littératures de l'imaginaire. Aujourd'hui, on continue dans la presse mais sur un mode plus positif. Une décennie après avoir collaboré avec Casus Belli, je reprends (modestement) du service pour Jeu de Rôle Magazine.

Même si le titre se suffit à lui-même, sache que Jeu de rôle Magazine (JdR-Mag, pour les intimes) traite du jeu de rôle. Ayant reçu mon exemplaire hier, je peux te dire que tu y trouveras le contenu habituel et attendu du rôliste qui sommeille en toi : des aides de jeu, des inspirations (coucou !) et des scénarios. Mais aussi beaucoup d’autres choses.

En effet, ce numéro est le premier d'une nouvelle formule qui s'efforce d'apporter un peu de neuf. Par exemple, le but des tests ("On a joué à ça") est de donner, non pas seulement une idée du contenu des livres de jeu, mais aussi de partager une expérience ludique. A l'exception du premier article, cet objectif ne me paraît pas encore complètement atteint mais on y travaille.

Du côté des innovations, tu liras un reportage sur la Gencon 2014 et un autre sur le Grandeur Nature, qui montrent que l'éventail du jeu est plus large que ce que l'on pourrait croire au premier abord. Il y a aussi une rubrique ("Aspirine") portant sur la réflexion autour du jeu qui promet d'être passionnante pour le lecteur que je suis.

Bref, personnellement (et même si je ne suis pas objectif sur le sujet), je trouve que cette formule renouvelée pète bien. Il ne te reste plus qu'à te la procurer pour te faire ta propre opinion.

PS : La source ayant sauté pour mon article sur le tatouage, je profite de ce blog pour préciser que je dois mes informations à l'excellent ouvrage de David Le Breton sur le sujet, Signes d'identité.

25 novembre 2014

Mythofiction en péril

Je dois porter la poisse. Cet été, j'ai décidé de m'abonner à deux revues consacrées aux littératures de l'imaginaire afin de les soutenir. Mais quelques semaines après, j'ai appris que toutes deux étaient en mauvaise posture.

Je veux bien sûr parler de Fiction qui venait de lancer une nouvelle formule. La rédaction annonce ici sa volonté de rebondir et de lancer un financement participatif. Affaire à suivre.

C'est d'ailleurs ce qu'a fait l'autre revue dont je voulais t'entretenir : Mythologica qui peine à sortir son quatrième numéro et qui a besoin de toi. Même si les choses semblent en bonne voie, on n'en est à l'heure où je t'écris qu'à 73% de financement participatif.

N'oublie pas que tu peux aussi t'abonner. Et voici, ci-dessus, la couverture du prochain Mythologica quand il verra le jour.

20 novembre 2014

Sans moi bis

Je devais être au salon de Montreuil le samedi 29 devant des hordes de lecteurs déchaînés, mais comme ce n'est toujours pas la grande forme, je ne pourrai pas venir. Tu devras te contenter de mes œuvres jeunesse sans la dédicace.

Que cela ne t'empêche pas de te jeter avidement sur mes thrillers avec Lana Blum (Rageot, J18), sur les aventures du guerrier grec Niréus (Mango Jeunesse G29), sur des histoires spatiales (Mango G29), ou bien de vampires (c'est chez J'ai Lu-Baam, mais je n'ai pas trouvé ; voici le plan du salon pour que tu te débrouilles tout seul).

7 novembre 2014

Regarde les éoliennes. Extrait 1/1

Voici l'incipit de la nouvelle "Regarde les éoliennes", extraite de l'anthologie Le réchauffement climatique, et après...  

Cette fois, je n'ai pas voulu donner dans le catastrophisme. Il s'agit plutôt d'une rêverie autour des éoliennes, du western et de la grande plaine hongroise.


Le vent souffle sur la puszta, balaye la plaine immense et s'en va au loin vers les montagnes invisibles. Un nuage de cendre enveloppe le shagya d'Árpád. L'homme arrête sa monture, laissant passer la pluie de poudre grise.

Il rabat son chapeau à larges bords, enfonce sa tête dans le col de son cache-poussière. Les grains viennent griffer le verre de ses lunettes de voyage dont le cuir protecteur s'étend jusqu'au nez et aux pommettes.

Le cheval hennit, aveuglé un instant, la robe fouettée. Mais il est désormais habitué à ces brusques tempêtes qui se lèvent aussi soudainement qu'elles retombent.

En effet, après quelques minutes, l'horizon s'éclaircit.

Ne subsistent plus au loin que quelques tourbillons flous qui semblent déformer le paysage à la manière d'un courant électromagnétique qui attirerait toutes les particules flottant dans l'air. Árpád essuie du bout de ses gants les carreaux terreux.

La lumière pénètre de nouveau dans ses yeux d'un bleu transparent.

Il pose sur la plaine rase son regard tranquille. D'immenses pales blanches se dessinent alors dans l'espace, tournant sur elles-mêmes, avec ce souffle rauque et lent des fauves qui somnolent : les éoliennes.

On dirait des oiseaux étirant leurs ailes pâles dans le ciel endormi. Plus rien ne bouge à part ces albatros de métal.

Árpád s'avance au milieu de ce champ infini, semblable à une colonie de mouettes qui n'en finiraient pas de décoller, poursuivies par quelque prédateur repéré en approche. Le temps se fige et cependant s'écoule encore.

Le soleil revient et colore la puszta de teintes ocreuses.

La brise forme entre les fûts comme un air d'harmonica qui se prolonge au-delà de tout ce qu'un souffle humain pourrait produire. Plus loin, les longs fils des lignes à haute tension émettent leur murmure indistinct, leur vibration sourde.

Árpád progresse dans cette forêt blafarde dont tous les troncs sont exactement semblables. Seuls les dépôts de terre apportés par les bourrasques introduisent une rare variété et puis certains lichens aux encroûtements dartreux.

Un gémissement monte.

Árpád se tourne vers l'origine du grincement. Son œil se pose sur l'éolienne dont les pales fatiguées paraissent prêtes à s'arrêter à chaque instant. Il grimace, dirige son cheval vers le tronc et le shagya obtempère de son pas lent.

Le cavalier saute à terre et ouvre l'armoire de couplage au réseau électrique. Il débranche la connexion après avoir examiné les circuits. Puis, une fois les rênes de sa monture attachées aux poignées de la porte, il pénètre dans le mât.

Image : source Wikipedia, éoliennes au Texas.

5 novembre 2014

Le réchauffement climatique et après est paru

Le mois dernier est sortie aux éditions Arkuiris l'anthologie Le réchauffement climatique, et après... dirigée par Yann Quero, illustrée par Lara Bloy, et j'ai la joie d'être au sommaire d'icelle. 

Par contre, ne t'étonne pas si tu ne vois pas mon nom sur la couverture, ce n'est pas dû à ma légendaire modestie mais à un oubli. Si tu veux voir mon nom apparaître, il te suffit d'acheter tout le premier tirage. L'erreur sera réparée à la réimpression (c'est déjà le cas sur la couverture proposée ci-contre).

C'est moi qui ouvre le bal (après une préface de Jean-Pierre Fontana, tout de même) avec une nouvelle intitulée "Regarde les éoliennes", dans laquelle tu auras reconnu une allusion à une chanson de Dominique A qui m'a pris par surprise il y a longtemps.

Il y a treize autres textes à te mettre sous la dent. Alors, bonne lecture. Et bientôt, je te livrerai un extrait de ma prose.

4 novembre 2014

Outis émoï onoma. Extrait 1/1

Après une longue absence, j'en reviens à donner quelques extraits de textes. 

Voici l'incipit de ma nouvelle "Outis émoï onoma", extraite de Ex machina, et qui constitue une sorte de tentative de steampunk antique. 

Si tu as lu La Dernière Odyssée, tu devrais rapidement reconnaître le personnage principal. Sinon, tu sais ce qu'il te reste à faire.


Le vieillard venait souvent réchauffer ses membres transis au soleil, assis sur un rocher d'ambre.

Il sentait la lumière l'envelopper, peut-être pour la dernière fois. Il tourna son front dégarni vers l'astre brûlant. Souriant d'un sourire qui accentuait encore ses nombreuses rides, il fermait ses yeux fatigués et attendait.

— Quel beau temps, n'est-ce pas ?

Aucune réponse ne vint. Il ne parut pas s'en formaliser. Pourtant, quelques secondes plus tard, il se redressa.

— Je ne devrais pas te dire cela à toi : cette chaleur t'a coûté la vie. Pour cela, je devrais détester le jour. Mais je n'y parviens pas. J'ai besoin de sentir un peu de tiédeur dans ma moelle. Tu me pardonneras, j'espère.

Il se tourna vers une statue d'un jaune translucide qui représentait un jeune homme. Ce dernier arborait des traits sereins, évoquant une vague ressemblance avec l'aïeul.

Le vieillard soupira.

Puis son regard erra sur le paysage noyé de clarté. Partout se retrouvait le même matériau doré et diaphane dans lequel avaient été sculptées des statues, mais aussi des rochers et des buissons, si bien que, de loin, on pouvait prendre ce décor pour un pan de nature.

En réalité, il suffisait d'avancer de quelques dizaines de pas pour en atteindre le bord. Ensuite, la mer et son bleu profond commençaient, encerclant l'île, et paraissaient ne jamais devoir finir.

Ce fut sans doute la raison pour laquelle le vieillard sursauta en entendant une voix autre que la sienne.

— Salut à toi.

— Qui est là ? demanda-t-il.

Un individu trapu souriait dans sa barbe. Ses dents blanches étincelaient presque au milieu de la toison noire. Pourtant, il n'y avait aucune joie dans ce rictus appris.

Les deux hommes se toisèrent.

Vêtu d'un simple pagne, l'inconnu présentait un poitrail de bœuf et des cuisses musculeuses dont l'une était barrée d'une grosse cicatrice. Il devait posséder une force exceptionnelle.

Le vieillard eut un mouvement de recul.

Image : source Wikipedia, fragments d'ambre.

1 novembre 2014

Ex machina est paru

Tu ne me verras donc pas au Salon fantastique ce week-end mais tu peux tout de même m'y croiser sous la forme de l'anthologie du festival : Ex machina.

Il s'agit d'un travail en partenariat avec les jeunes éditions Elenya et l'émission Rêves et Cris. Sur le thème du steampunk, nous avons sélectionné un certain nombre de textes envoyés dans le cadre d'un concours.

En tant que parrain de l'aventure, j'ai participé à la sélection des nouvelles et élu ma préférée (après moult débats internes sur la nature du steampunk) : "Dernière absinthe à Paris" de Dean Venetza. Je profite de cet espace pour dire que j'ai particulièrement aimé aussi "L'île aux machines" de Pascaline Nolot. Bref, j'espère que la sélection te plaira. On a essayé de couvrir pas mal de facettes du (sous-)genre.

Enfin, j'ai moi-même mis la main à la pâte avec une nouvelle de steampunk antique : "Outis émoï onoma". Et si le thème te rappelle le récent numéro de Galaxies, ce n'est pas un hasard. Au départ, j'avais écrit cette nouvelle pour participer à l'appel à texte mais elle était bien trop longue au final. Quant à la la nouvelle que j'avais d'abord écrite pour Ex machina, elle ne m'a pas paru convenir, une fois terminée. D'où cet échange.

Et n'oublions pas la jolie illustration de Mathieu Coudray. Bonne lecture !