4 novembre 2014

Outis émoï onoma. Extrait 1/1

Après une longue absence, j'en reviens à donner quelques extraits de textes. 

Voici l'incipit de ma nouvelle "Outis émoï onoma", extraite de Ex machina, et qui constitue une sorte de tentative de steampunk antique. 

Si tu as lu La Dernière Odyssée, tu devrais rapidement reconnaître le personnage principal. Sinon, tu sais ce qu'il te reste à faire.


Le vieillard venait souvent réchauffer ses membres transis au soleil, assis sur un rocher d'ambre.

Il sentait la lumière l'envelopper, peut-être pour la dernière fois. Il tourna son front dégarni vers l'astre brûlant. Souriant d'un sourire qui accentuait encore ses nombreuses rides, il fermait ses yeux fatigués et attendait.

— Quel beau temps, n'est-ce pas ?

Aucune réponse ne vint. Il ne parut pas s'en formaliser. Pourtant, quelques secondes plus tard, il se redressa.

— Je ne devrais pas te dire cela à toi : cette chaleur t'a coûté la vie. Pour cela, je devrais détester le jour. Mais je n'y parviens pas. J'ai besoin de sentir un peu de tiédeur dans ma moelle. Tu me pardonneras, j'espère.

Il se tourna vers une statue d'un jaune translucide qui représentait un jeune homme. Ce dernier arborait des traits sereins, évoquant une vague ressemblance avec l'aïeul.

Le vieillard soupira.

Puis son regard erra sur le paysage noyé de clarté. Partout se retrouvait le même matériau doré et diaphane dans lequel avaient été sculptées des statues, mais aussi des rochers et des buissons, si bien que, de loin, on pouvait prendre ce décor pour un pan de nature.

En réalité, il suffisait d'avancer de quelques dizaines de pas pour en atteindre le bord. Ensuite, la mer et son bleu profond commençaient, encerclant l'île, et paraissaient ne jamais devoir finir.

Ce fut sans doute la raison pour laquelle le vieillard sursauta en entendant une voix autre que la sienne.

— Salut à toi.

— Qui est là ? demanda-t-il.

Un individu trapu souriait dans sa barbe. Ses dents blanches étincelaient presque au milieu de la toison noire. Pourtant, il n'y avait aucune joie dans ce rictus appris.

Les deux hommes se toisèrent.

Vêtu d'un simple pagne, l'inconnu présentait un poitrail de bœuf et des cuisses musculeuses dont l'une était barrée d'une grosse cicatrice. Il devait posséder une force exceptionnelle.

Le vieillard eut un mouvement de recul.

Image : source Wikipedia, fragments d'ambre.

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