30 août 2010

L'Apprentie de Merlin. Extrait 2/3


Je te rappelle que le tome 1 de l'Apprentie de Merlin, Le Dragon et l'Épée, doit sortir début octobre. En voici un deuxième extrait qui met en avant la figure ambiguë de l'enchanteur. J'ai également essayé de donner à la magie une forme plus rationalisée en la fondant sur les runes et le fait qu'elles étaient tatouées sur la peau.

Le prédateur bondit. Sa mâchoire, cherchant la gorge, se referma sur la paume encore posée contre l'arbre. Ana hurla de peur et de douleur. Les yeux jaunes du monstre étaient tout près de son visage. Elle se débattit violemment et parvint à se dégager. Sans attendre, elle grimpa jusqu'au rameau le plus proche et s'y jucha tant bien que mal. La prochaine attaque ne tarderait pas.
Quand elle scruta de nouveau les environs, Merlin était là, sa longue cape traînant dans la neige. Immobile, il fixait l'animal. Les deux êtres s'affrontèrent un moment du regard. Pendant un instant, les prunelles du loup devinrent grises, presque humaines, tandis que celles de Merlin se faisaient bestiales.
Figés, les adversaires se défiaient toujours. La pierre verte du bâton de l'enchanteur brillait d'une lumière malsaine. Puis le prédateur baissa la tête, vaincu. Un filet de sang coula soudain de sa gueule entrouverte, dégoulinant sur le linceul blanc de la terre. Le loup gémit pitoyablement tandis que le liquide rouge jaillissait en larmes de ses yeux ; la patte courbée, il paraissait supplier son vainqueur.
Le mage demeura impassible jusqu'à ce que la bête eût vomi une sorte de bouillie empourprée et se fût couchée sur le flanc, morte. Alors, l'émeraude s'éteignit et le vent souffla de nouveau entre les branches squelettiques. Merlin fit signe à Ana de quitter son refuge.
Tremblante, elle s'exécuta, chutant à demi, et se présenta, piteuse. Les mots d'excuse s'étranglèrent dans sa bouche.
— Ta main, ordonna-t-il froidement.
Ne sachant ce qu'il voulait, la voleuse lui tendit les deux. Il saisit le poignet gauche, celui qui était blessé, et examina la plaie. Il prit un poignard à sa ceinture et l'approcha de la paume ouverte. Ana n'osa protester : elle avait désobéi, le châtiment était mérité. La pointe du fer s'enfonça dans la peau, traça un sillon à vif. Puis, le mage ajouta un trait opposé à chaque extrémité du segment, en forme de crochet.
Concentré, Merlin rangea son arme avant de se munir d'une fiole aux reflets turquoise. Il l'ouvrit du pouce et en versa quelques gouttes sur la plaie. Il étala ensuite la mixture, mêlant son azur intense au sang de la jeune fille. Ainsi, la paume d'Ana s'ornait d'un dessin semblable aux tatouages du mage.
— C'est une rune de protection, expliqua-t-il en nettoyant le sang avec une poignée de neige. Dirige-la vers tes assaillants et personne ne pourra te faire de mal.
Image : source Wikipedia, Merlin et Viviane, Gustave Doré

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