2 septembre 2009

Sales profs !


Je suis de ceux qui lisent le journal Le Monde (en ligne). J'estime encore, peut-être à tort, que ce journal constitue le quotidien de référence en France. C'est pourquoi, les messages des lecteurs m'intéressent. Je suis toujours surpris par les réactions haineuses de nombreux internautes contre la gent enseignante. Les vacances, les heures de cours, les salaires, les grèves, tout y passe.

Je profite de la rentrée pour rappeler quelques points sur les professeurs :
  • Le salaire de départ d'un jeune enseignant débutant, est très proche du salaire minimum.
  • Par dérogation spéciale, la plupart des heures supplémentaires des enseignants ne sont pas défiscalisées.
  • Contrairement à ce que certains ministres ont pu laisser entendre par le passé, les jours de grève sont bien retenus sur le salaire.
Je ne parle évidemment pas de la différence énorme qu'il y a entre une heure passée devant un bureau et une heure devant une classe...

Il est inquiétant qu'un métier d'intérêt public soit l'objet de tant d'attaques, dont beaucoup ne sont que des prétextes. Ce ne sont pas seulement les prétendus privilèges de la profession qui sont à l'origine de cette détestation farouche, mais aussi son caractère intellectuel. Aujourd'hui, cela apparaît comme un luxe voué à disparaître. Le produit de l'intellect ne sert à rien et ne rapporte pas assez. Comment peut-on gagner sa vie en ne produisant rien de matériellement mesurable ?

On ne supporte pas non plus la marge de manœuvre dont jouissent les enseignants dans le choix de leurs cours, dans l'organisation de leur travail : il faut donc qu'ils rentrent dans le rang. Le paradoxe, c'est qu'on veut les fixer à leur lieu de travail quand l'évolution des métiers va souvent dans l'autre sens. On prône pour les lycéens (choix plus libre des cours) exactement l'inverse de ce qu'on veut imposer à leurs enseignants. Le but est clairement la normalisation du métier, au nom d'une prétendue égalité qui cache mal des rancœurs nauséabondes, la haine de l'intellectuel et la peur du lendemain.

6 commentaires:

Mazoutos a dit…

Le prof ne rapporte rien financièrement, comme le chercheur, et sa productivité est proche du néant. Mais surtout, il est capable de prendre du recul et de réfléchir. Donc pas en phase avec l'air du temps...

Luc Chatel a dit…

"Un pays qui croit en l’avenir est un pays qui investit dans l’éducation."

charlotte a dit…

J'ai entendu ce discours à de nombreuses reprises en effet prof=je m'enfoutiste priviliégié=il a des vacances lui=fonctionnaire...
Avec, mazoutos a raison, la même hargne envers les chercheurs.
Mis à par le fait que l'intellectuel ou simplement "celui qui réfléchit" n'est pas à la mode (mode régression vers l'obscurantisme on), la crainte de "celui qui sait" se transforme rapidement en rejet/ haine. L'histoire du mimétisme et du bouc émissaire dont parle René Girard.
(j'aimerais ressembler à/ je ne comprends pas/ donc je détruis)

Alexis Logié a dit…

Ouaip, les profs sont des gens biens. Le pire je trouve c'est que c'est leur propre administration qu leur fait cette réputation (spécialement ici à l'étranger où les gens de l'AEFE et du SCAC sont spécialement odieux avec les assoçs de parents d'élèves, mais comme on ne les voient jamais, c'est les profs qui prennent le rôle d'interface.

Alexis Logié a dit…

J'ajouterai quand même que je suis aussi lecteur assidu du Monde.fr (ainsi que Libé, le Figaro et 20 minutes, histoire de comparer, un par onglet), et que donc, la lecture des commentaires des articles (des 4) révèle principalement la stupidité abyssale desdits commentateurs. Ainsi généralement qu'un niveau culturel et orthographique consternant. Enfin, le Monde, peut-être un peu moins vu que c'est payant.
Enfin bon, tout ça pour dire que ça ne rassure pas sur la nature humaine, ou du moins sur celle des gugusses qui se répandent en récriminations "de bon sens" sur internet.
Ce qui m'agace le plus, c'est l'utilisation systématiquement méprisante de l'expression "belles âmes", qui ressemble exactement à ce que décrit Charlotte : l'agressivité jalouse et totalitaire du crapeau ignare envers la blanche colombe censée le persécuter. Enfin, j'me comprends.

Murièle Modély a dit…

le prof, le chercheur... mais en général tout fonctionnaire ... le service public sont des mots vidés de leur sens... se souvient on encore qu'on est au service du public...
sans doute le glissement de public à consommateur a-t-il encore plus accentué la hargne vis à vis d'une tranche de la population, dont on estime surtout qu'ils sont des planqués parce que beneficiant de la securite de l'emploi...

Mu
bibliothécaire fonctionnaire
donc planquée, bien trop payée pour ce qu'elle fait... :)