13 juin 2009

La fin du monde : et après ?


Chose promise, chose due : je te livre ici la fin de mes réflexions sur La Fin du monde de Fabrice Colin.

Si tu as lu la fiche sur le bouquin, tu as pu te rendre compte que ce roman s'affirme comme une œuvre résolument réaliste. Néanmoins, le merveilleux fait des incursions brèves mais de plus en plus marquées dans le texte. C'est ainsi que, à travers des comparaisons, des objets, des motifs, l'histoire présente tout un bestiaire merveilleux : "morts-vivants" (p.47), "zombies" (pp.77 et 171), "fantômes" (pp.74, 132, 145 et 175) , "vampires" (p.147). On voit que toutes ces créatures ont pour caractéristique de se trouver à mi-chemin entre la vie et la mort, ce qui contribue donner au texte une ambiance funèbre. Mais d'autres sous-catégories du merveilleux sont appelées à la rescousse avec des "robots" (p.173) pour le merveilleux scientifique ou encore des "Djinns" (p.26).

Dès le début du texte, les différents narrateurs-personnages sont conduits à douter de la réalité. François passe son temps dans des jeux à univers virtuels (pp.16 et 115). Jim aperçoit en rêve son frère qui veut lui parler (p.15). Xian croit voir le fantôme de sa mère (p.40). Hafsa habite dans la Cité des Morts. Le monde est le lieu de phénomènes difficilement explicables : un homme apparaît devant Jim avant de disparaître "dans une sorte d'éclair" (p.107). Xian plonge, au cours du dernier chapitre, dans une atmosphère de conte de fées, déjà perçue par Jim au début du roman (p.74).

Tandis que Xian devient pour la petite Mei une sorte de "Shéhérazade" (p.180), il développe une histoire délirante autour de Winnie l'ourson, peluche que la fillette tient à la main (p.103). Le personnage sert de leitmotiv à toute la fin du texte puisqu'on le retrouve à de nombreuses reprises (pp.103, 179 et 183). Ce denrier chapitre réalise en fait la synthèse de tous les éléments merveilleux dispersés au cours du texte, des morts vivants, aux robots (p.173) en passant par les rêves (p.176) et la mythologie orientale (p.180). Le monde devient un "conte de fées gothique" (p.174) dont Mei est la "petite princesse" (p.180) . En assumant ce rôle de narrateur double, Xian se fait l'incarnation de l'écrivain et une mise en abyme du travail d'écriture comme lutte contre la mort. D'ailleurs sa créature semble prendre vie puisque la peluche de Winnie l'ourson finit par le "regarde[r]" (p.184).

Ces pages sont les plus belles du roman. En attendant la suite : Après.

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