3 mai 2009

Bonga à Budapest


Ce jeudi dernier, Bonga (Angola) passait au Mupa, une des grandes salles de Budapest. La rencontre prenait, en tout cas à mes yeux, une grande valeur symbolique. Pourquoi ?

Eh bien d'abord à cause de Bonga. L'homme est né en Angola en 1943, du temps de la colonisation portugaise. Il a gagné le Portugal pour devenir champion du 400 mètres (il s 'appelait encore Jose Adelino Barcelo de Carvalho à l'époque). Il a pris le nom de Bonga pour poursuivre une carrière de musicien dissident. Suite à cela, il doit s'exiler à Rotterdam puis à Paris. Parmi ses titres de gloire, il a repris le fameux "Sodade" presque vingt ans avant Cesaria Evora.

Jeudi soir, il chantait donc au Mupa (Müvészetek Palotàja, ou Palais des Arts), en bord de Danube, à deux pas du Théâtre national. Le public était en grande partie hongrois, avec quelques Angolais, Portugais et Français aussi (on devait être quatre en tout). Nous avions donc un chanteur chantant en portugais et en kimbudu (une des langues les plus parlées en Angola), devant un auditoire de Hongrois. La communication s'est faite en anglais, par défaut. Les deux pays ne se connaissent pas du tout, n'ont aucune histoire en commun, si ce n'est d'avoir connu des années de dictature et un attachement à une langue menacée. C'était suffisant.

Bonga a chanté de sa voix éraillée, rauque et belle, jouant de son dikanza (j'avoue ne pas avoir retenu le nom quand il l'a expliqué, alors je suis allé chercher). On voit l'instrument sur la photo, symbole d'un retour aux sources de la tradition musicale angolaise. La musique de Bonga réussit ce tour de force d'être à la fois triste et gaie. Bref, en une soirée, on a mélangé des continents et des cultures, des pays et des histoires. C'était bien.

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